La ’Pataphysique apparaît dans Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien, livre écrit par Alfred Jarry en 1897-1898. Elle est alors définie comme la « science des solutions imaginaires qui accorde symboliquement aux linéaments les propriétés des objets décrits par leur virtualité ».
« Ces solutions imaginaires n’ont pas la généralité des théories scientifiques. Le pataphysicien, plus modeste et plus prudent, se contente donc de « solutions particulières ». D’autre part, dans ses observations, il s’intéresse aux exceptions, puisque c’est l’anomalie qui fait avancer les idées, selon Boris Vian, qui avait pris pour devise une réplique de la pièce La Belle Aventure de Flers et Caillavet : « Je m’applique volontiers à penser aux choses auxquelles je pense que les autres ne penseront pas ».
Science des solutions imaginaires, science des solutions particulières, science des exceptions, autant de façons de caractériser la ’Pataphysique, ce qui peut se résumer en disant que « la ’Pataphysique est la Science ».
Deux des principes fondamentaux de la pataphysique sont l’équivalence des contraires et l’importance accordée à l’exception plutôt qu’au cas général.
Une méthode qui permet de déconstruire consciencieusement la frontière entre l’existant et le possible.
Principes et modalité d’expression
Une autre manière de définir la ’Pataphysique est de se référer au « principe d’équivalence » : toutes choses seraient également belles, vraies, sérieuses. À la suite d’Alfred Jarry, le pataphysicien apprécie les écrits les plus délaissés. Les ready-made du satrape Marcel Duchamp dynamitent l’esthétique : « la moindre casserole fabriquée en série équivaudrait la Nativité d’Altdorfer ». Le « Collège » va s’intéresser à l’Art brut, aux ex-voto, aux plus modestes cambrousses comme aux discours moralisateurs et aux flonflons politiques. Selon le Testament du premier vice-curateur du Collège, « Nul n’est plus positif que le Pataphysicien : déterminé à tout placer sur le même plan, il est prêt à tout accueillir et cueillir avec même avenance ». Mais le texte précise qu’il s’agit là d’une attitude extrême, celle du « pataphysicien total », dont on observe seulement des formes atténuées. « Qu’on ne s’y trompe pas : il ne s’agit pas, comme le croient les naïfs qui prennent Jarry pour un satirique, de dénoncer les activités humaines et la réalité cosmique ; il ne s’agit pas d’afficher un pessimisme moqueur et un nihilisme corrosif. Au contraire, il s’agit de découvrir l’harmonie parfaite de toutes choses et en elle l’accord profond des esprits (ou des ersatz qui en tiennent lieu, peu importe). Il s’agit pour quelques-uns de faire consciemment ce que tous font inconsciemment. […] Celui qui regarde de plus près et qui suit quelque temps ces travaux s’aperçoit peu à peu qu’ils correspondent à une vue d’ensemble et à une psychologie toute nouvelle, au-delà du rire et peut-être du sourire. Jarry était imperturbable ».
Voici ce qu’en dit le Collège de Pataphysique.
« Société de recherches savantes et inutiles », le Collège de ‘Pataphysique, fondé en 1948, publie une revue, Viridis Candela (La Chandelle verte en latin), qui comporte diverses séries. Y sont parus, entre autres, les premiers textes de Ionesco, de nombreux inédits de Vian, Jarry ou Julien Torma et les premiers travaux de l’Oulipo.